• D'Encre et de Sang (5)

    Voila la suite de ma nouvelle vampirique. Vous pouvez retrouver le début ici.

     

    Synopsis : Lowell Morgan est un jeune écrivain en mal de reconnaissance. Alors qu'il séjour chez des amis, il fait la connaissance d'une étrange demoiselle restée inconsciente durant plusieurs jours et que personne ne connait. Elle devient sa muse.

    Rating : tout public

     


    D'Encre et de Sang (suite)

     

     

    Tout le manoir était en grande activité en ce jour.

    Leur étrange inconnue sauvée des eaux s’était enfin levée et semblait en très bonne forme. On lui fit porter de vieilles robes de lady McAllister. Bien que ses vêtements fussent dépassés, Sìne resplendissait. Elle avait quelque chose d’enfantin, voir niais, dans son comportement. Cependant, certains domestiques trouvaient qu’il y avait une noirceur elle, mais ils ne savaient pas dire quoi.

    La police vint rapidement l’interroger. Malheureusement, Sìne ne se rappelait de rien. Elle était victime d’amnésie. La seule information que les policiers purent déduire, c’est qu’elle était de la région à cause de son accent. Un homme fit son portait afin qu’il soit diffusé. Cela permettrait peut-être à d’éventuelles connaissances ou familles de se manifester. En l’attende d’une réponse, l’inspecteur consigna la jeune femme à résidence. Morgan avait la responsabilisé de cette mission en attendant le retour du maitre de maison.

     

                Après son dernier terrible cauchemar, l’écrivain accueillit tièdement la nouvelle. Bien qu’il ne parvienne pas à voir le moindre trait de monstruosité chez Sìne, il se sentait mal à l’aise avec elle. Il se demandait si cela venait de son comportement sanguinaire ou de ses caresses nocturnes.

    Les deux jeunes gens se retrouvèrent dans la grande bibliothèque des McAllister. Comme ils ne se connaissaient pas, ils entreprirent d’en savoir plus sur l’autre. Sìne ne parla pas longtemps puisqu’elle ne se souvenait de presque rien. L’écrivain fut bien plus bavard. Il lui parla de ses écrits. Des étoiles brillaient dans les yeux verts de la demoiselle, malgré le voile pâle qui subsistait. Emporté par l’intérêt qu’elle lui témoignait, Morgan lui parla sans détour de ses projets, de ses passions. Mais il se garda bien de lui avouer qu’elle l’avait énormément inspiré ces derniers temps. Il revint aussi sur son altercation avec le romancier et poète Oscar Wilde.

    Ce dernier avait, dans une chronique, désintégré son livre. Pour lui, l’auteur –Morgan – n’était rien d’autre qu’un paysan ayant tenté d’égaler les grands écrivains anglais. Son vocabulaire était pauvre, ses connaissances grammaticales mal maitrisées, sans parler de l’intrigue, totalement vide. Depuis lors, les salons littéraires ne souhaitaient plus le convier à leurs réunions et les ventes, désastreuses, avaient poussé son éditeur à se séparer de lui.  Evoquer ce souvenir douleur mit Morgan dans un grand émoi. Il n’avait pas encore pu parler de cette souffrance. C’était pour se reconstruire qu’il était venu ici. Sir Augustus McAllister était un de ses premiers admirateurs. Lui-même reconnaissait quelques défauts dans les écrits de Morgan. Ils les mettaient sur le compte de son jeune âge. Il était persuadé qu’il deviendrait un grand écrivain. Comme il disait si souvent : c’est en forgeant qu’on devient forgeron.

    Sìne le réconforta comme elle put. La lecture n’était pas une activité qu’elle pratiquait régulièrement. De plus, elle ne savait pas très bien lire. Ce petit détail fit penser à l’écrivain qu’elle devait venir d’un milieu modeste.

    Avec une puissance conviction dans la voix, elle l’encouragea à persévérer. Le proverbe de McAllister était très approprié à la situation. S’il croyait en ses talents et à ses rêves, il parviendrait à faire un roman qui emballerait les foules. Cela pouvait prendre des années car certaines disciplines demandent du temps pour être parfaitement maitrisé. Il ne fallait pas qu’il se dévalorise parce que des personnes de son âge écrivaient déjà de superbes textes. Tout le monde n’avançait pas aux mêmes rythmes. De plus, si le temps peut embellir certaines choses, il peut aussi les dégrader. Elle illustra son idée avec la beauté. Une femme peut être superbe dans sa jeunesse et perdre son éclat. Mais le contraire pouvait aussi arriver. Une demoiselle n’ayant pas de  physique particulièrement avenant peut gagner en charme avec l’âge. Un peu comme un bon vin ironisa l’écrivain. Sìne lui rétorqua que si un vin se bonifie avec le temps, rien de prouve qu’il soit toujours bon 300 ans plus tard.  

                Le temps passa vite. Julian vint chercher les deux jeunes gens pour l’heure du souper. Cette après-midi passé ensemble les avait beaucoup rapprochés. Ils discutèrent encore longtemps dans la soirée. Il fallut l’intervention de Mathilde pour les séparer. La petite bonne se montrait très protectrice envers Sìne. Cette dernière était d’ailleurs très reconnaissante de l’attention de celle-ci. Une étrange complicité féminine était en train de se créer entre elles.

    Morgan fut malheureux de se séparer de son amie. Très enjoué par cette journée, il voulu se mettre à écrire mais rien ne sortit de son esprit. Cela le contraria énormément. Passer une superbe journée comme celle-ci pour, une fois le soir venu, ne pas être capable d’aligner un mot. Il reprit alors ses notes, histoire de se consoler.

                Son roman racontait l’histoire d’une belle demoiselle, issue d’une noble famille, dans des temps anciens. Sa beauté rendait fou tout les hommes qui croisaient son chemin. Mais cette dernière refusait tous leurs présents. Son rêve était d’épouser un jeune homme, fort et beau, qui l’aimerai pour son esprit et non pour son corps. Mais son père ne voyait que délire dans ses propos. Il finit par donner la main de sa fille à un puissant seigneur.

    Voila ce qu’il avait écrit pour le moment. Les descriptions qu’il avait faites le surprenaient. Il s’étonnait même de certains mots qu’il avait écris. Il en ignorait l’existence jusqu’à ce qu’il les couche sur papier. Mais dans toutes ces pages, une chose le surprit. Pas à un seul moment, il ne nommait son héroïne par son nom. La chose lui sauta alors aux yeux : il n’avait aucune idée du prénom à lui donner. Il utilisait une multitude de terme de substitution : demoiselle, dame, jeune femme, pucelle, l’aimée de tous, la sublime beauté, la désirée, la Vénus, l’Egale des plus belles déesses, le Joyau, la belle, l’Iseult de ces contrée, la perle, etc.…Cependant, Morgan ne s’étonna pas de voir que son mystérieuse héroïne partageai des traits communs avec Sìne : sa longue chevelure brune ébène, des yeux comparables à des émeraudes.

    Comme son amie avait été sa muse ces dernières nuits, cela n’avait rien d’étonnant. Mais maintenant qu’il savait comment elle se nommait, peut-être allait-il enfin donner un patronyme à sa belle héroïne.

                Constatant que rien ne viendrait agiter sa plume, il décida de se mettre au lit. Il appréhenda ce moment. Les cauchemars à répétition l’épuisaient physiquement. Ces nuits n’étaient pas parfaitement réparatrices. Si cela devait durer, il envisageait de demander des somnifères au docteur Mercy.

    Il rêva encore de Sìne. Cependant, ce ne fut pas un cauchemar. Tout se passe très bien entre eux. La jeune femme péchait sur son ponton. Morgan voulu lui poser des questions sur son effroyable comportement. Mais elle réussissait toujours à changer de conversation. Le ton monta d’un cran que l’écrivain haussa la voix. Elle n’en fut nullement impressionnée. Tournant la tête vers lui d’un geste félin, elle montra ses crocs dans un sourire pervers.

    « Si tu ne cesses pas de me questionner, je te mords. » Effrayé par cette menace, Morgan ne dit plus rien en rapport avec son dernier rêve.

    Les rôles s’inversèrent alors. Elle voulut savoir de quoi parlait le roman que lequel il travaillait, comment était ses personnages, ce qu’il allait advenir d’eux. Morgan ne pouvait répondre que par la négative ou des « je ne sais pas ». Cela désappointa fortement Sìne. Mais en aucun cas, elle ne s’énerva.

    « Je pourrais vous en dire plus quand l’inspiration sera revenue. »

    « Et votre muse, est-elle d’accord ? »

    Sa question le surprit. Il ne comprit pas le sens de sa réponse. D’ailleurs, il n’aurait pas su quoi dire. Il ignorait qu’il fallait un accord de sa muse pour que l’inspiration revienne.

                Sans prévenir, Sìne se rua sur lui comme une bête. Une nouvelle fois, elle le plaqua au sol sans qu’il ne puisse rien faire. Elle lui mordilla tendrement la gorge de sa proie avant d’y enfoncer ses crocs. Le sang coula encore avant de finir sucer par la bouche de la jeune femme.

    Complètement immobilisé, Morgan gémissait. Il lui demandait pourquoi. Pourquoi faisait-elle cela ?

    « J’ai faim. » lui répondit-elle entre deux gorgées.

    L’écrivain se sentit s’affaiblir de plus en plus. Il se sentit glisser dans un autre monde.

                Quand il ouvrit les  yeux, Morgan se sentait épuisée. Son retour dans le monde réel c’était fait en douceur, mais il se sentait complètement vidé. Il n’eut pas la force de se lever. Dès qu’il essayait, il prenait des vertiges. Se sentait anormalement faible, il fit sonner les domestiques pour que l’on fasse venir le docteur Mercy.

     


    La suite ici.

     

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