• Monologue du Zombie

    Voila mon court texte que j'ai écris pour le concours de Plume Imag'in Air "Sous Contrainte 1". Il fallait écrire un texte, de maximum 5 pages, qui devait contenir un zombie dépressif, le mot "conceptuel" et le zombie doit faire pousser des citrouilles.

     


    Monologue du Zombie

     

                La vie est injuste. Mais qu’est ce que je raconte ! Je suis mort depuis des siècles !

    La mort est injuste…C’est ridicule comme remarque car la mort est toujours injuste !

     

                Reprenons, il y a longtemps quand j’étais encore un…ouai, disons humain, je suis parti à l’aventure sur un bateau pour voir le nouveau monde. Ma direction : Haïti. Petit con que j’étais, et malgré les mises en garde des mes ainés, je me suis aventuré, la nuit, dans un cimetière. Enfin, cela est un peu exagéré. A cette époque, les noirs, les esclaves, étaient juste balancés dans des fosses qu’on aurait aisément pu confondre avec des trous à purin.

    Donc, c’est en cette nuit –comme par hasard- que ma vie –oui, j’étais encore vivant à ce moment là- que tout à basculer.

    Je me souviens de peu de choses. J’ai du prendre un coup sur la tête. Il y avait des torches, des senteurs étranges qui me faisaient tourner la tête. Des gens de peau sombre et aux marques blanches dansaient   autour de moi en agitant des poulets morts. Ensuite, il y a encore un gros trou dans ma mémoire. Quand je me suis réveillé, je ne pouvais plus contrôler mes mouvements. C’était comme si quelqu’un me manipulait. Je me suis –involontairement bien sur- joins aux danses et autres rîtes étranges qui consistaient à éparpiller les entrailles de gallinacés sur les tombes.

    Puis je suis retourné dans l’obscurité. Au début, je pensais que c’était mon esprit qui était embrumé par l’étrange fête de la veille. Non ! C’était bel et bien dans le noir, mais je n’étais pas dans le coltard. J’étais dans un cercueil ! enterré six pieds sous terre ! Je vous épargne les détails sordides qui m’ont permis de sortir de ce trou.

                C’est là que ma vie, enfin ma mort, est devenue un enfer : je suis un zombie.

    Zombie, dixit le Petit Robert : n. m. – 1832 ; créole zonbi. 1. Fantôme, revenant (dans les croyances vaudou des Antilles). « les noctambules le prirent pour un zombie et l’accablèrent de jurons pour la renvoyer dans sa tombe » (P. Chamouseau). 2. Par ext (1975) Personne qui parait vidée de sa substance et dépourvue de toute volonté. Errer comme un zombie.

    En ce qui me concerne, c’est bien la première définition qui me concerne. Il y a cependant une chose qui n’est dit nulle part, dans aucuns textes. Si un zombie sort de terre et que personne ne parvient à le l’y renvoyer, il pourrit ! Lentement, certes, mais pourrit ! Je vous laisse également le soin d’imaginer à quoi je ressemble aujourd’hui. Je pue tellement que les parfums et autre déodorants ne suffisent plus. Je dois rester cloitrer dans ma petite maison de campagne. Mes vêtements ne sont que des choses longues et épaisses. Une petite trousse des coutures ne me quitte jamais –au cas où je perde un doigt ou une oreille. La créature de Frankenstein est un petit joueur niveau rafistolage.

     

                Plus j’écris, plus j’ai envi de pleurer. Je tombe en morceaux, je sens pire que des pieds, mon haleine est cette d’un chacal…et mon potager vient de partir en fumée !

    Mais continuons ce récit.

    J’ai erré pendant longtemps, avec difficulté pour cacher ma décomposition. Cela n’a pas été simple. Et puis il a fallu investir des sommes astronomiques dans des parfums de plus en plus forts.

    Un jour, j’en ai eu marre de cette chienne de vie –ou de mort. J’ai investie dans une petite maison, paumée au milieu de nulle part. Là, j’ai peu aisément me dissimuler aux yeux du monde. Pour m’occuper, je ne suis abonné à plein de magazine sur les arts, la décoration, le jardinage, la littérature et les sciences.

    Malgré les risques de démembrement, je me suis mis en tête de faire un jardin, de faire pousser des légumes : choux, navets, carottes, petits pois, citrouilles. Les récoltes allaient être merveilleuses ! Et mes citrouilles ! Ce ne sont plus des cucurbitacées, mais des monstres ! Des bêtes gigantesques. De toute mon existence –lamentable-, je n’avais vu d’aussi grosses citrouilles. Je n’ose même pas imaginer le prix d’une seule de ces géantes. Les doigts et mes orteils ont souffert le martyre pour en arriver là. Les bras aussi. J’ai même du mal à trouver de la place pour de nouvelles coutures.  

    Et tout ça pour en arriver là !

     

    Mon beau potager ! J’y avais mis tout mon cœur et mon temps. Combien de doigts ai-je perdu dans cette entreprise ? Combien de fois ai-je du recoudre mes bras et mes pieds pour faire les sillons ? Il a pris feu ! Comment ? Je n’en sais strictement rien ! Il n’y a personne à des kilomètres à la ronde. Mais ça a flambé ! Tous mes légumes…

    Là où j’ai le plus de peine, ce sont pour mes citrouilles. Mes pauvres citrouilles ! Elles étaient si grosses et si belles. J’allais pouvoir me faire de sublimes tartes et succulentes soupes. Mais pourquoi ? Pourquoi ? Qu’ai-je dont fais pour mériter cela ?

    Je ne peux même pas me suicider ! Je suis déjà mort...et mes citrouilles aussi ! Me tailler les veines. Mes mains vont tombées. Me pendre. Ma tête se détachera de mon corps. Faire une overdose de médicament. Je me réveillerai quoi qu’il arrive. Me jeter du haut d’un pont. Je me disloquerai. Je ne peux pas mourir !

    Et puis il pleut ! Mon potager a brulé ! Il ne pouvait pas pleuvoir à ce moment là ? Ce n’est pas juste ! Ce n’est pas normal !

     

    Il pleut et je n’ai rien à faire ! Je n’ai que ce vieux magazine d’Art Conceptuel qui tente de convaincre un public qu’une femme sous morphine qui s’enfonce des épines de roses dans le bras dans une « performance » équivaut à une toile de grands maitres de la Renaissance.

     

                La vie, pardon, la mort, ma mort est une suite de d’événement tragique n’ayant pour unique but de me faire payer mon ignorance et mon insouciance de jeunesse. Ha si seulement j’avais su. Oui, si j’avais su ! C’est bien malin de ce dire ça maintenant ! On a tout le temps de penser quand on est mort ! Enfin, quand on est un zombie. Je ne pense pas que mes petits camarades qui pourrissent dans un cercueil pensent !  

    Vie…non, Mort de merde !

     

     

     

     

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