Et voilà le début de ce troisième épisode des aventures de la "douce" et "délicate" Macha.

 

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Synopsis Général :

Paris, sous le règne de Louis XIII.
Venez suivre les aventures de Macha.

Après une longue errance, Macha se pose enfin dans la capitale française. Entourée par ses amis Tolbiac, mousquetaire du Roi, et Enguerrand, garde du Cardinal, elle fera face à aux complots contre le pouvoir en place; à la folie de secte religieuse; aux conflits entre Tolbiac et Sagamore,ennemis jurés; et son passé...

 

Synopsis de l'épisode :

Le Cardinal Richelieu, le roi Louis XIII et son frère, Gaston d'Orléans, ont été victime d'un attentat. Heureusement ils s'en sortent indemne, mais Tolbiac et Sagamore sont blessés. Cet acte est revendiqué par un groupe répondant au nom de "L'Horloger".
Richelieu demande à Macha de lui venir en aide.

 

 

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Chap. 01

 

 

 

 

            Des bruits de lame qui s’entrechoquent retentissaient dans toute la maison. C’était dans la mezzanine que tout se passait.

Le Toulousain, assis sur un tabouret, regardait avec attention ce qui se passait. Il n’était pas plus dix heures du matin.

            Macha avait été sortie de son lit très tôt par la jeune Margot. La jeune femme avait promis à l’enfant qu’elle lui donnerait son premier cours d’escrime ce matin. Mais l’impatience de la gamine l’avait conduit à sortir son aînée du lit dès les premières lueurs de l’aube. Seulement, Macha n’était plus habituée à se lever aussi tôt, elle ne se sentit d’attaque que plusieurs heures plus tard.

 

            Margot avait la rapière au pommeau en forme de serpent de son amie. En effet, ce fut un des premiers problèmes que Macha rencontra ce matin : le manque de matériel. Tolbiac lui avait promis d’essayer de ramener des armes d’entraînement de la caserne des mousquetaires. 

Pour empêcher toutes blessures, la jeune femme avait enfoncé un petit bout de liège à la pointe de sa rapière. Tout heureuse, l’enfant avait déjà manqué d’éborgner Enguerrand pendant le petit déjeuner.

Macha, elle, avait sa jian*. Son épée ne se maniait pas de la même manière qu’une rapière, mais il faudrait faire avec aujourd’hui. De toute façon, ce n’est pas elle qui apprenait.

            La première chose qu’elle enseigna à son apprentie fut comment se mettre en position de garde.

« _Mets tes pieds en équerre, talons contre talons. Bien. Maintenant, imagine qu’il y a une ligne droite devant toi. Tu avances ton pied droit. Non, pas aussi loin. Il faut que tu gardes ton équilibre. Une partie de ton poids est sur ta jambe arrière… »

Margot était très enthousiasmée. Cependant, elle fut assez surprise par ce premier cours. Elle n’imaginait pas que le combat à l’épée soit aussi codifié. Elle avait souvent vu Tolbiac et Enguerrand se battre, et jamais elle ne s’était rendu compte des techniques. Pour elle, le but de l’art de l’épée était tout simplement d’embrocher ou d’estropier son adversaire.

            Après l’avoir mis sur des appuis à peu près corrects, Macha expliqua à l’enfant comment bien tenir sa rapière, puis à la positionner en garde.

« _La plus part du temps, c’est en tierce qu’on commence un duel. »

            Elle lui montra l’exemple, puis Margot l’imita. La jeune femme corrigea sa position.

« _Si tu tends trop ton bras, ou que tu le repli trop, tu serras moins apte à te défendre. Si ta lame est trop basse ou trop haute, tu ouvres des parties de ton corps à ton adversaire. »

« _C’est pas drôle. » soupira la fillette. « Quand est-ce que l’on se bat ? »

« _Si tu commence comme ça, tu n’iras pas bien loin. Je sais que c’est embêtant, mais il faut passer par là. »

« _Et puis l’escrime n’est pas un jeu. » fit remarquer le Toulousain. 

« _La position de garde est très importante. Lors d’un affrontement, elle nous renseigne sur le niveau de notre adversaire. Plus elle est bonne, meilleur escrimeur il est. »

            Après encore quelques réglages, Margot fut prête à apprendre ses premières techniques, basiques certes, mais toujours utiles.

La fillette semblait tout de même un peu frustrée. Macha lui apprenait plus à parer diverses attaques qu’aller de front.

Toute la matinée fut un enchaînement de parades contre-attaque.

           

            Lorsque le son des lointaines cloches signala qu’il était midi, les deux amies stoppèrent l’entraînement. Le Toulousain avait monté de quoi se restaurer.

« _Tu me donneras un autre cours demain ? » supplia l’enfant.

« _A une condition : tu ne me réveilles pas à six heures du matin ! Et puis, tu peux aussi t’exercer toute seule. Je veux bien te prêter ma rapière jusqu’à ce que Tolbiac nous ramène un peu de matériel. »

Margot sauta au cou de Macha en hurlant un merci et en l’embrassant comme une folle sur la joue.

            Pendant le repas, la fillette ne cessait de poser des questions sur l’escrime.

« _Je suis sûre que tu es la meilleure escrimeuse du monde. Après Tolbiac bien sûr ! »

Macha manqua de recracher la gorgée de vin qu’elle buvait. Si elle s’était d’abord sentie fière de l’affirmation de Margot,  elle était maintenant offensée.

« _ Tolbiac n’est sûrement pas le meilleur escrimeur du monde. » affirma-t-elle, vexer.

            Le Toulousain souriait timidement. Il savait que les dires de sa petite protégée allaient contrarier la jeune femme.

« _ Impossible qu’il y en ait de meilleurs que lui. » continua l’enfant, « Avec sa botte secrète, personne ne lui résiste ! »

« _Tolbiac est, ne soyons pas hypocrites non plus, un excellent escrimeur. Sûrement l’un des meilleurs, mais pas le meilleur. »

« _Ah oui ? Et qui est le meilleur alors ? » rétorqua Margot, offusquée qu’on lui dénigre son « héros ».

« _Difficile à dire, je ne connais pas toutes les fines lames du royaume. Mais si tu veux mon avis personnel sur la question, je pense que c’est Sagamore. »

« _J’étais sûr que tu dirais ça ! C’est même pas vrai d’abord ! Tolbiac le bat tout le temps ! »

« _Encore heureux pour lui sinon il serait déjà six pieds sous terre. Mais s’il s’en sort à chaque fois, c’est justement parce qu’il utilise sa botte secrète. Sans elle, j’aurai quand même des doutes quant à l’issu d’un duel entre eux. » affirma-t-elle avec conviction. « Et puis, je suis bien meilleure que Tolbiac… » ironisa-t-elle pour finir.

            Seulement Margot ne semblait pas vouloir en rester là. Pour elle, le mousquetaire était le meilleur, point barre.

« _Tu dis ça juste par ce que tu aimes trop dire du mal de Tolbiac. »

« _J’ai pas dit du mal de lui. J’ai juste dit qu’il était presque aussi bon que Sagamore sans sa botte secrète. »

« _Tiens, tu es capable de dire du bien de lui… » se moqua le Toulousain.

Elle laissa échapper un petit rire qui sonnait faux avant de prendre une gorgée de vin.

            L’enfant la regarda avec un air suspicieux. Elle doutait de la sincérité de son amie.

« _Moi, je pense que tu dis ça seulement parce que Sagamore, c’est ton amoureux ! »

Cette fois, Macha ne put se retenir. Elle recracha le liquide qu’elle avait dans la bouche. Le Toulousain bondit de son tabouret pour ne pas être aspergé. Margot fut elle-même surprise par la réaction de la jeune femme.

            Macha s’essuya la bouche d’un revers de main.

« _Je crois qu’il va falloir mettre les choses au clair jeune fille. J’ai connu Tolbiac et Sagamore il y a plus de dix ans. On était ami, juste ami. Mais, comme tu le sais, ils ont eu un différend et on s’est tous séparé en de plus ou moins bons termes. Aujourd’hui, et en ce qui me concerne, Sagamore est toujours un ami, bien que la chose ne soit pas réciproque. Pour ce qui est de Tolbiac, je ne dirais pas que je le déteste, mais je ne peux pas non plus dire que c’est mon ami. »

« _C’est compliqué votre histoire ! » grogna Margot.

« _Plaint toi à Tolbiac, c’est sa faute à lui ! »

« _Tu vois t’es encore en train de dire du mal de lui ! »

« _Je ne dis pas du mal de lui, je dis juste la vérité ! »

            Macha commençait à désespérer.

« _Mais non, Margot, elle ne dit pas que du mal de lui. Regarde, elle a dit qu’il était bon escrimeur. » ironisa encore une fois le Toulousain. « Je suis sûr qu’il serait heureux qu’on lui reporte ces propos. »

La jeune femme fit une grimace.

À cet instant, un homme entra dans la boutique. Cela surprit tout le monde. Il était rare que des gens viennent à cette heure. L’apothicaire se leva et descendit à l’accueil du magasin.

           

            En bas, le Toulousain fut surpris de voir un garde du cardinal.

« _Que puis-je faire pour vous ? » demanda-t-il avec étonnement.

« _Est-ce bien ici qu’habite une certaine Macha ? »

La demande était parvenue aux oreilles de l’intéressée. Elle se demandait ce que pouvait bien lui vouloir cet homme.

Le Toulousain le regarda avec suspicion. Ce que l’autre ressentit.

« _Rassurez vous, je ne lui veux aucun mal. C’est Enguerrand qui m’envoie, à la demande de son Éminence le cardinal de Richelieu. »

Macha se leva. Elle s’approcha du bord de la mezzanine d’où elle interpella le garde.

« _Qu’est-ce qu’il y a ? »

            L’homme sembla étonné. Son esprit n’avait peut-être pas percuté que Macha était une femme. Ou c’était la tenue plutôt masculine qu’elle portait : pantalon et chemise.

« _Son Éminence demande que vous veniez au plus vite au Louvre. Il y a eu… »

Il se tourna vers l’apothicaire, l’air méfiant.

« _Et bien quoi ? Vous pouvez parler devant lui. » lui lança la jeune femme.

« _Il y a eu… une attaque au Louvre. Elle visait Sa Majesté le Roi et son Éminence. Votre ami, Tolbiac, a été blessé. »

   

*Jian : épée chinoise.  

 

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