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Le Roman de Mélusine
"Le roman de Mélusine" est un récit médiéval de Coudrette (dont le texte a été présenté, traduit et annoté par Laurence Harf-Lancner).
Synopsis :
L'histoire de Mélusine appartient au folklore universel et s'inscrit dans la longue lignée des récits qui mettent en contact le monde des humains et le monde surnaturel à travers l'union d'un mortel et d'une fée. Après avoir longtemps appartenu à la tradition orale, c'est au XIIe siècle que la légende fait son entrée en littérature, tandis que la fée devient l'ancêtre mythique des Lusignan au début du XIVe siècle, sous la plume de Pierre de Bressuire :
"On raconte dans ma patrie que la solide forteresse de Lusignan a été fondée par un chevalier et la fée qu'il avait épousée, et que la fée elle-même est l'ancêtre d'une multitude de nobles et de grands personnages, et que les rois de Jérusalem et de Chypre, ainsi que les comtes de la Niarche et de Parthenay sont ses descendants...
Mais la fée, dit-on, fut surprise nue par son mari et se transforma en serpente. Et aujourd'hui encore l'on raconte que quand le château change de maître, le serpent se montre dans le château."Seul manque dès lors à notre légende le nom de la fée, apparu un siècle plus tard dans les deux romans français, le récit en prose de jean d'Aras (1393) et le texte en vers de Coudrette (début du XVe siècle) : deux histoires écrites à la gloire du lignage des Lusignan autrefois prestigieux, sur fond de guerre franco-anglaise et de reconquête du Poitou par le duc de Berry, et imprégnées du mythe de la croisade, deux conte de fées voués, de siècle en siècle, à un succès ininterrompu.
Avis :
Bien que traduit en français moderne, ce roman présente quelques difficultés de lecture.
Mais on ne va pas se le cacher, c’est un récit u Moyen-âge. Bien que cette adaptation/traduction – le texte est en vers à l’origine et l’auteure ne nous le présente pas sous cette forme – soit adaptée au lectorat actuel, il n’en reste pas moins un texte avec les codes et le style de son époque.
Le lecteur doit en avoir conscience.
Le livre commence par une introduction pour nous parler du mythe de Mélusine et de l’origine de ce texte.
Ensuite, le récit débute.
J’avoue ne pas trop savoir quoi dire sur cette œuvre, je ne possède pas les clés pour analyser ce type de livre. Ceci dit, j’ai été très étonnée de voir que l’ensemble de l’œuvre se consacre beaucoup aux fils de Mélusine. Je pensais que ce récit ne se centrait que sur la fée bâtisseuse.
À la fin, on trouve aussi les histoires des deux sœurs de Mélusine, Mélior et Palestine.
Personnellement, j’ai apprécié cette lecture, malgré des passages un peu chiants. On retrouve d’ailleurs beaucoup d’éléments « fabuleux » et mythique. Pour les connaisseurs, il sera possible de dénicher quelques références (le sanglier par exemple).
Après, rien de « très original » si l’on connait la légende de Mélusine : ce texte avec celui de Jean d’Arras sont les « fondateurs » de la légende telle que nous la connaissons. C’est la base et il est toujours compliqué de revenir à ce point de départ quand l’histoire de Mélusine est archi connue.
Lire ce texte était pour moi une continuité après « Mélusine et le Chevalier au cygne » afin de pouvoir revenir aux sources de la légende. D’ailleurs, je pense que cette lecture m’a permis d’avoir un œil particulier sur le roman de Coudrette.
Je prévois de lire la version de Jean d’Arras.
Pour conclure, l’auteure nous propose quelques textes dits « prémélusien », c’est-à-dire rédiger avant les livres de Jean d’Arras et de Coudrette.
Une œuvre à découvrir – déjà rien que pour sa culture G — bien que ce texte ne soit pas accessible à tous les lectorats. Ne vous attendez pas à lire un récit « moderne ». Je crois qu’il existe une « adaptation » beaucoup plus récente pour ceux qui le souhaiteraient, mais qui ne garantit pas de garder les témoignages ou références mythiques ou légendaires comme le roman de Coudrette.
Je me permets d’ailleurs une remarque (que je suis sûre de regretter un jour ou l’autre) : je suis grandement étonnée que la légende de Mélusine – les amours d’une fée et d’un homme, avec tout ce qu’ils comportent de problèmes – n’ait pas été plus utilisée par des auteur.e.s en mal d’écrire des romances torturées. Parce que dans le genre amour contrarié et tragique, ça vaut possiblement tous les Tristan et Yseult du monde !
Tags : Littérature, Fantastique, Moyen-Âge, Challenge Texte Ancien, Fabuleux
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