"L'abbé Breuil, le pape de la Préhistoire" est une biographie/monographie de Jacques Arnould.

Synopsis :

Le 14 août 1961, il y a cinquante ans, disparaissait l'abbé Henri Breuil. Ce voyageur infatigable, qu'amis et adversaires aimaient surnommer le "pape de la préhistoire", pouvait partir tranquille : ses travaux avaient largement contribué à poser les fondements de la préhistoire moderne et à faire connaître l'art des cavernes. Professeur au Collège de France, membre de l'Institut, comblé d'honneur, "l'abbé" eut moins de chance avec sa propre Église qui préféra le tenir à distance. Ainsi, le pape Pie XI lui refusa l'entrée de l'Académie pontificale des sciences. Son amitié avec le père Teilhard de Chardin et ses recherches qui, inévitablement, croisaient la question de l'évolution, à une époque où l’Église catholique préférait s'en méfier, expliquent peut-être cela. Breuil fut pourtant un grand scientifique et un prêtre fidèle. Comme en témoigne cette biographie qui s'applique à faire remonter à la lumière, un homme attachant et souvent drôle, qui passa presque huit cents jours de sa vie à traquer les origines de l'humanité dans l'obscurité des cavernes.

Avis :

J’avais hâte de découvrir ce livre sur l’une des grandes figures de la préhistoire française, malgré une certaine appréhension vu que l’auteur est un théologien (mais aussi historien des sciences).

J’avoue avoir été ravi !

Le livre nous présente les travaux et l’histoire de l’abbé Breuil, le pape de la préhistoire. Il faut savoir que beaucoup de religieux ont participé à l’évolution des sciences, dont l’archéologie, à la fin du XIXe et du début du XXe. Breuil est l’un de ses hommes d’Église remarquable qui ont œuvré pour le savoir et les sciences.

L’élément que j’ai le plus apprécié dans ce livre, c’est la manière dont l’Église voyait les sciences et les soucis que cette dernière pouvait lui causer. L’auteur ne donne aucun jugement de valeur dans son travail. On découvre les tensions et les peurs qui minent le Vatican et la manière dont il tente de réguler les problèmes. C’est très intéressant ! Surtout quand l’on voir des hommes d’Église (et ils sont nombreux à être cité dans ce livre) ont tout de même réussi à concilier les deux.

N’oublions pas que ce livre est aussi une biographie. J’ai donc pu découvrir les travaux et les avancés de l’abbé, tout en découvrant le personnage. Cela a été un vrai plaisir et ça donne l’eau à la bouche à la jeune archéologue que je suis ! On se rend compte de la qualité et du temps de travail que cet homme a réalisé ! Pour exemple, il a passé plus de 800 jours (au total) dans les grottes pour faire ses relevés !

Le seul défaut, ce sont les nombreux sauts temporels. Parfois on revient en arrière, parfois l’auteur choisit de ne pas parler d’un sujet pour y revenir plus en détail plus tard. J’avoue que je me suis parfois perdu dans le temps. Surtout que comme l’abbé, je n’ai pas tellement la mémoire des dates…

L’auteur est aussi resté très pudique sur la vie sentimentale de l’abbé et c’est très appréciable. Il a évité le côté voyeur. On découvre la vie de l’abbé, mais en lui laissant son jardin secret. D’ailleurs, il aimait beaucoup le jardinage.

L’ouvrage se lit très facilement, même pour quelqu’un qui n’aurait pas trop de connaissance en préhistoire. Le style est fluide, sans lourdeur et parfois une pointe d’humour.

Un ouvrage que je recommande vivement à celles et ceux qui souhaitent découvrir cette figure de l’archéologie et de la préhistoire, mais aussi à ceux qui désirent se renseigner sur la relation entre la science et la religion.