• "Challenge de Noel" de Caliope

    Voila ma participation au Challenge de Noel de Caliope.

    http://ekladata.com/8AO2FN-O70tmtEIJ_wzyvbeY5DA.jpg

     


     

    La  Dame Blanche et le Golem

     

     

                Depuis que je suis toute petite, on m’a toujours dis que j’avais une folle imagination. Au début, je pensais que cela était bien. Mais avec le temps, je me suis rendue compte que cette soit disant imagination était un poids. Un poids car les gens pensait que j’étais folle, que j’étais mal cuite.

    Mais il y a une chose dont je suis sûre, c’est que je ne le suis pas. Je vois juste des choses que les autres ne voient pas.

     

                Enfant, à l’approche de l’hiver, mes parents et moi allions dans la forêt pour récolter du bois pour nous chauffer. Innocente, je  ramassais des brindilles sans prendre garde à ce qui m’entourait. Peu à peu, je m’éloignais de mes parents. Je finis par arriver dans un lieu qui m’était totalement inconnu.

    Les arbres, de grands pins, avaient recouvert le sol de leurs épines. Entre ces pinacées, d’énormes blocs de roches verdis par les mousses formaient d’étranges formes aussi énigmatiques que sublimes. Je déposais mon lourd fagot pour les escalader, pour explorer cet endroit mystérieux. Et puis je l’ai vu. Là, couché sur le sol. D’aspect, il ressemblait à la roche qui l’entourait. Mais j’ai réussi à le distinguer, le Géant de pierre, le Golem comme on disait de par chez nous. Les légendes racontent qu’il barre la route vers les hauteurs de la montagne, là où vivrait la Dame Blanche, celle qui fait tomber la neige.

    Allongé sur le dos, les bras le long du corps, il semblait dormir. Je parvenais à voir ses cheveux, longs stries creusés dans la roche, son front, son nez et l’ensemble de son visage, son cou, son torse, les lignes de ses jambes, et enfin ses pieds qui se dressaient vers le ciel. Lentement, je m’en approchais. Des sentiments contraires me parcouraient : j’avais peur, je voulais fuir, mais je voulais aussi le toucher, le découvrir. Sur son visage, nulles marques ne dessinaient des yeux ou des lèvres. Peut-être que la mousse, épaisse, me cachait ces détails.

    Comme on me l’avait souvent dis, je crus d’abord que c’était mon imagination. Les rochers, lessivés par le temps, avaient finis par représenter des formes fantasmagoriques. Mais quand je posais ma main sur lui, la pierre était chaude. Titillée par ma curiosité, je lui grimpais dessus pour mieux le contempler. Debout sur sa poitrine, c’est une nouvelle fois son visage que j’observais. Il avait un gros nez triangulaire, bloc de pierre posé sur sa face grise. Une épaisse mousse maronnasse lui faisait une sorte de grosse barbe.

    De l’autre côté de son corps, émergeait un chemin. Cacher par le Golem, il serpentait vers les montagnes où les neiges étaient éternelles. Je m’inquiétais en repensant aux légendes. J’eu envi de sauter, en direction des monts enneigés.

                Je restais un moment à suivre du regard le sentier. Un pas et un bond, c’est tout ce qui me séparait de la poudreuse blanche. J’avais l’impression d’être ailleurs, dans un autre monde.

    Soudain, des cris me firent revenir sur terre. C’était mes parents. Ils devaient me chercher car j’avais échappé à leur surveillance puis éloigné.

    Jetant un dernier coup d’œil vers les montagnes et le chemin, je bondis vers mon fagot de bois tout en répondant aux appels. Quand les parents m’eurent rejoins et qu’ils virent où je me trouvais, leurs visages devinrent blancs. Ma mère lâcha se qu’elle portait dans les bras, se précipita vers moi et me tira le plus loin possible du géant. Mon père avait pris une pose agressive, comme si quelqu’un allait nous attaquer. Je ne compris pas le comportement de mes  parents. Alors que nous quittions les lieux, laissant quelques fagots sur place, je me retournais pour voir une dernière fois le Golem. Il me sembla alors qu’il avait ouvert un œil, et qu’il m’observait.

     

                Dehors, il neige. Moi, j’ai grandi. Malheureusement. Dès que j’ai eu l’âge requis, je fus envoyée à la ville pour travailler. Je n’ai jamais pu revoir le Golem, les parents m’ayant formellement interdit de retourner vers cet endroit maudit. Personne ne me croyait quand je leur disais que, moi, je l’avais vu. Ils disaient tous que j’étais folle, ou que cela venait de mon imagination d’enfant.

     Aujourd’hui je rentre au village. J’ai froid et mon esprit est fade. Mes parent pensent qu’ils seraient temps que je me marie, je n’en vois pas l’utilité. De plus, qui voudrait d’une mal cuite. 

    Lorsque j’arrivais à la chaumière, mon père, une hache à la main, s’apprête à partir. Je me précipitais et sautais, avec tout mon élan, dans ses bras. Ma mère apparait alors sur le pas de la porte, je l’enserrais aussi.

    Ne ressentant pas de fatigue, je décidais d’aller avec mon père dans la forêt pour couper la bûche. C’est bientôt Noël. Et comme le veut la tradition, il faut aller couper une bûche pour ensuite la bruler. Cela doit apporter bonheur et abondance.

    Pendant longtemps, nous avons marché à la recherche d’un arbre. Tout était blanc autour de nous, les troncs noirs se dessinaient magnifiquement sur le fond blanchâtre. Nous sommes finalement arrivés dans un lieu où les roches grises me rappelaient vaguement quelque chose. Laissant  mon père abattre un pin qui lui convenait, j’explorais les alentours. Des souvenirs m’assaillirent, j’étais déjà venu ici. Puis tout s’illumina. Le Golem gisait non loin. Je me précipitais, guidé par ma mémoire, vers l’endroit où il reposait.

    Mais ce fut la déception. Il n’y avait plus rien. Plus un rocher, plus une mousse. Seulement un petit sentier, émergeant de nulle part, se dirigeant vers les montagnes glacées. Pendant un bref instant, je cru que j’étais folle, comme on me l’avait toujours dis. Puis je repris le contrôle de mes sentiments. Peut-être le Géant était-il parti ? Je restais donc là où il aurait du se trouver. J’attendis.

    Au bout d’un certain temps, mon père, une énorme bûche ligotée dans son dos me rejoint. Il me demanda ce que je faisais debout à rien faire, droite comme un piquet. Je lui répondis que j’attendais le Golem. Il me rit au nez, ce qui me vexa. Il m’avoua alors que les villageois, effrayer par cette légende, étaient venu et avaient réduis cette roche anthropomorphe en poussière. De sa main, il dégagea la neige et tira une poignée de terre sombre qu’il me tendit. Ce n’était pas de la terre, hélas, mais du sable, ce qui restait du géant.

    Je voulu pleurer mais je n’y parvins pas. Mon père remarqua cependant mon mal-être. Il insistât sur le fait que cela était mieux ainsi, qu’il était mauvais de croire en des êtres autres que ceux des Textes, que cela était juste. Je ne pensais pas la même chose.

    Malgré mon envie de rester et de m’enfuir vers les sommets, je du me résigner à suivre mon père. Le froid était de plus en plus mordant et un vent glacé se levait. Cela n’envisageait rien de bon.

                Sur le chemin du retour, la tempête se leva. La tête penchée en avant pour percer les hurlements du vent, je perdis mon père de vue avant de me perdre tout court.

    J’ai erré dans les bois et la neige. J’avais froid, mes membres s’engourdissant de plus en plus. Des pensées morbides parcouraient mon esprit perdu. Avec le blizzard, je ne voyais rien.

    Je m’écroulais contre un arbre, tremblante de froid, épuisée. Les yeux embués, je tentais de réchauffés mes doigts gelés.

    Soudain, alors que le sommeil me gagnait, je vis une silhouette sombre se dessiner dans le blizzard. Je voulu l’appeler, j’avais espoir que c’était mon père. Mais je n’y parvins pas, ma gorge était sèche. Elle passa au loin. Quelle tristesse. Je me remis à piquer du nez, l’envie de dormir et de partir vers la Mort m’appelait. Une dernière fois, avec le reste de mes forces, je relevais la tête dans l’espoir de voir quelqu’un ou mon père. Je l’aperçu une nouvelle fois, l’ombre. Celle fois-ci, elle se dirigeait vers moi. Un sentiment d’espoir me gagna. On venait m’aider, à mon secours.

    Plus elle avançait, plus la silhouette se matérialisait. Ce n’était pas un homme. Il était bien trop grand, beaucoup trop grand. Les couleurs sombres, d’abord flous, se foncèrent. De la mousse mourante marron s’attachait à une roche grisâtre. Je le reconnue : le Golem.

                Se dressant devant moi, il me regarda de ses yeux de pierre pendant un instant. Désespérée, n’ayant aucune peur, je lui tendis ma main gelée pour le demander de l’aide. Il déploya ses deux longs bras dans ma direction. Ses grosses mains chaudes me soulevèrent du sol enneigé, comme si je n’étais rien d’autre qu’une simple plume. Me serrant fortement contre lui, me protégeant du vent, il se mit en marche. La chaleur de son corps me réchauffa. Je finis par sombrer dans le sommeil.

    Quand je m’éveillais, je me trouvais dans une grotte, étrangement aménagé. Le géant, posé devant l’entrée faisait office de paravent. Il m’observait, enfin c’est ce qu’il me semblait. Il faisait chaud mais aucun feu ne brulait dans la caverne. Au fond, il y avait un lit. Ma curiosité me poussa à m’approcher.

    Mon cœur fit un bon dans ma poitrine et je poussais un hurlement. Allongé, dans de superbes vêtements bleu et argent, un cadavre, la peau desséchée, semblait dormir. Ses cheveux sombres ondulaient sur un énorme cousin de plume, un diadème ornant son front. Je me retournai vers le Golem. De l’eau coulait de ses yeux. Pleurait-il ?  Malgré son état de momification, la femme (ses vêtements ne me laissaient aucun doute) conversait une étrange beauté. Doucement, je caressais ses mèches souples et lisses, puis je frôlais son diadème. A ce moment là, les vêtements et les bijoux ses désintégrèrent. Flottant dans l’air, la poussière vint m’entourer et me transforma. Une longue robe bleutée avec de nombreuses décorations bleues ou argentés recouvrit ma peau. Un somptueux manteau vint couvrir mes épaules. Sur mon front, le magnifique diadème ornait ma tête.

    Je ne comprenais pas. Je me dirigeai vers le géant pour lui poser des questions, même si dans mon esprit je savais qu’il ne dirait rien. En avançant, de la neige apparut à la suite de mes pas. Dans un grand geste de bras, des flocons sortir de ma manche. Je me dis alors à danser. En moins d’une minute, toute la grotte était recouverte de poudreuse.  

                C’est alors que je compris. J’étais devenue la Dame Blanche, celle qui fait tomber la neige sur le haut des montages.

               

                Ce soir, c’était Noël. Je ne pouvais pas faire de peine à mes parents, à ma famille. Il fallait que je retourne à la maison.

    Soulevant ma robe pour ne pas m’entraver, je me mis à courir de toutes mes forces pour redescendre au village. Il ne neigeait plus, le vent était tombé, comme si la nature avait reprit ses droits. J’avais l’impression de glisser sur les flocons. En quelques minutes, je fus sur le pas de la chaumière. Je poussais la porte, un grand sourire aux lèvres. Mais très vite, ce sourire quitta mon visage. Mes parents ne me voyaient pas. J’avais beau hurler ils ne m’entendaient pas, je tentais de les agripper ils ne me sentaient pas. Dans leur conversation, ils ne parlaient pas de moi, ils m’avaient oublié.

    Dehors, sous une petite pluie de flocon fin et délicat, je me mis à pleurer. J’étais devenue la Dame Blanche mais j’avais perdu ma famille. Je jetais un dernier regard à la maison, la fumée de la bûche sortait en valsant de la cheminée, puis je partie erré dans la forêt.    

                Après de longues heures d’errance, mon chemin croisa celui du Golem. Doucement, il me tendit l’un de ces gros doigts de pierre. Il me guida vers le lieu étrange où je l’avais rencontré pour la première fois. A peine avais-je fais mes premiers pas sur le sentier, il se coucha là il avait presque toujours reposé. Comme le disait la légende, il gardait le chemin vers les montages enneigés de la Dame Blanche.

    Emplie par la tristesse, je m’assis auprès d’un arbre. Sombrant dans mes pensées, je finis par m’assoupir.

    « Bonne Année ...en retard ....Point Archéologie »

  • Commentaires

    1
    Jeudi 27 Octobre 2011 à 12:00
    j'ai lu dans le train et ça m'a fait passer un bon moment poétique et mélancolique . honnetement tu fais tres bien passer les sentiments des personnages dans tes recits, et il touchent le lecteur les recits sont aussi tres originaux. tu as un potentiel crois moi. Ne m'oublie pas quand tu sera celebre ;-).
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :