"Alchimie" est une série en deux tome de Richard D. Nolan au scénario, Olivier Roman au dessin et Digikore studio pour la couleur. Le premier tome s'intitule "L'épreuve du feu", le second "Le dernier roi maudit".

Synopsis :

En le Paris de l'an 1842, l'écrivain Alexis Lerouge, jeune auteur de romans feuilletons se voit confier par son éditeur Steiner une mission consistant à découvrir des indices sur les malversations souterraines d'une organisation secrète, les Habits Noirs. Bien que quelque peu irrité par cette mission qui l'écarte de son travail habituel, l'écrivain se met à l'œuvre en se rendant à un rendez-vous avec un indicateur. Mais la rencontre ne se déroule pas comme prévu et c'est entre les mains salvatrices d'un individu fort bien informé qu'échoue Alexis. L'homme en question n'est autre que Vidocq, l'ancien chef de la sûreté, fervent partisan du roi Louis-Philippe et véritable détracteur des faiseurs de France. Considérant le danger qui rôde autour du conseiller privé du roi dû à la présence de ses inquiétants Habits Noirs, le détective propose à Alexis une association pour mettre à jour le complot naissant dont l'origine remonterait à la chute des Templiers.

Critique :

J’avais déjà fait la critique du premier tome de cette série. Cependant, lors de la sortie du tome 2, il m’a été indispensable de reprendre le premier, car je ne me souvenais pas trop du début du récit.

Je vais donc commenter les deux tomes.

En fait, si le premier tome est assez plaisant nous faisant miroiter des choses historico-magiques, le second tome fait vite déchanter. Pour être plus clair, je pense qu’il aurait mieux fallu intituler cette série « Magie » qu’« Alchimie ». Personnellement, je n’ai pas, à un seul moment, vu une vraie relation avec l’alchimie. Hormis le pentacle, qui peut aussi être lié à la magie, peu d’éléments sont présents. Je n’ai pas le souvenir d’avoir eu des noms de célèbres alchimistes (Nicolas Flamel, Paracelse par exemple). Par contre, il me semble que le Grand Œuvre est évoqué, mais cela est plus une vengeance qu’une recherche d’un quelconque savoir… Donc sur ce point-là, je suis assez déçue. Et je suis mauvaise aussi, car Roquebrunne paie en lingot d’or (issu du pouvoir alchimique je suppose).

Par contre, si on se limite à tout ce qui est magie ou science occulte, je trouve que c’est assez bien fait et l’intégration dans le contexte historique complexe du XIXe siècle est plutôt réussie. L’utilisation des templiers et de leur chute est pas mal, mais souffre du scénario un peu… bancal.

Zut, avec ça, j’ai oublié les deux couvertures. Je les trouve assez sympa et les deux restent bien dans le même style avec les flammes et les héros au centre. D’une certaine manière, on pourrait dire que la première représente le présent avec le passé en fond, et inversement pour la seconde.

Bref, revenons donc au scénario. Pour commencer, il manque un peu de détail. Le XIXe siècle est une période compliquée, car les régimes politiques se succèdent rapidement : Restauration, Monarchie de Juillet, IIé république rien que pour début du siècle. Or, l’histoire est un peu à cheval sur ces trois régimes. Il aurait fallu plus d’annotations, ou un petit explicatif les différentes périodes.  Il en va de même que pour de nombreux personnages historiques !

Ensuite, l’intrigue est en elle-même pas mal, mais on s’embrouille assez vite entre tous les clans, les désirs des différents protagonistes.

Le lien entre templier et chute de la monarchie est assez intéressant. Malheureusement, il manque de développement. Bizarrement, je pense que le scénario aurait mieux fait un bon roman, voire un téléfilm, plutôt qu’une BD. Cependant, là où je trouve que tout devient désagréable c’est l’apparition du Baphomet. Là, je trouve qu’on est à mille lieues de l’alchimie. Je trouve que c’est le fait qui gâche l’ensemble du récit ! L’aspect sous-entendu de la magie/alchimie donnait tout son charme à l’histoire. Avec l’apparition du démon, tout tombe à l’eau.

Et la fin ! Holala, elle est bâclée ! Je pense que les auteurs se sont retrouvés pris de courts. Ils n’avaient pas la possibilité de faire plus long alors ils sont raccourcis au maximum les dernières pages. Du coup, pas d’affrontement final, pas de fuite à haut risque… Bref, j’ai été très déçu.

J’adore le personnage de Vidocq ! Surtout quand ce dernier est en gent dame. Comme quoi, le travestissement, ça peut donner du charme. Par ailleurs, il fait honneur à son personnage historique. On sent bien qu’il s’agit d’un ancien « truand ». La délicatesse c’est son fort et les cadavres ne le gênent pas plus que ça.

Par contre, Charlotte Dieudonné, malgré un effort pour la rendre indispensable, ne sert pas à grand-chose au final. Hormis peut-être celui d’offrir aux lecteurs quelques scènes olé olé au début du premier tome.   

Pour le dessin, j’aime beaucoup les effets de sorties de page (si cela à un nom spécial quand un personnage est en partie hors du cadre de la vignette je veux bien que l’on me le dise). Ils sont assez nombreux et donnent beaucoup de dynamisme aux planches.

Par contre, je trouve que chaque case est assez surchargée de détails. Cela permet un certain réalisme, mais j’aime bien aussi une certaine sobriété. Parfois, je pense que cela aurait pu être possible.

Un souci au niveau de la coloration. Alexis Lerouge est tantôt bien roux, tantôt châtain moyen.

Au final, mon avis est assez mitigé, voir négatif sur cette série. Il aurait vraiment fallu surement un tome de plus et plus d’explication. De plus, tout est trop rapide. Enfin, le manque global de référence à l’alchimie m’a déçue.

C’est plus le genre de série qu’il faut emprunter à la bibliothèque…